Association des anciens combattants du canton de Gavray-Section de Gavray

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Les bourreurs de Crâne pendant la Grande Guerre



"A part cinq minutes par mois, le danger est très minime, même dans les situations critiques. Je ne sais comment je me passerai de cette vie quand la guerre sera finie. Les blessures ou la mort ... c'est l'exception."
Extrait d'une lettre d'un poilu, parue dans 'Le Petit Parisien', le 22 mai 1915



Dès la déclaration de guerre, la censure s'exerce sur l'ensemble du courrier. Cinq mille censeurs sont répartis dans toute la France.
Le contrôle postal est doté de 9 commissions de 15 à 25 membres qui ouvrent jusqu'à 180 000 lettres par semaine, goutte d'eau par rapport aux millions écrites chaque jour.
Les lettres qui suivent, non identifiées et non datée (pour une), sont retenues et censurées parce qu'elles décrivent le carnage de la guerre :

"J'ai entrevu des faces étranges qui poussaient des espèces de cris, qu'on apercevait  sans les entendre dans l'anéantissement du vacarme.
Un brasier avec d'immenses et furieuses masses rouges et noires tombait autour de moi, creusant la terre, l'ôtant de dessous mes pieds, et me jetant de côté, comme un jouet rebondissant.
Je me rappelle avoir enjambé un cadavre qui brûlait, tout noir, avec une nappe de sang vermeil qui grésillait sur lui, et je me souviens aussi que les pans de la capote qui se déplaçait près de moi avaient pris feu et laissaient un sillon de fumée.
A notre droite, tout au long du boyau 97, on avait le regard attiré et ébloui par une file d'illuminations affreuses, serrées l'une contre l'autre comme des hommes."



Le 13 novembre 1916 :

Chers parents,

... Il y a beaucoup de poilus qui se font encore évacuer aujourd'hui pour pieds gelés.
Quant aux miens, ils ne veulent pas geler malheureusement car je voudrais bien une évacuation aussi.
Il n'y fait pas bon ici en arrière : ce sont les avions qui font des ravages terribles et en avant, c'est loin de marcher comme les journaux vous annoncent.
Ceci sont des bourreurs de crâne pour encourager le civil, n'y croyez rien, comme je vous ai déjà dit, c'est la guerre d'usure en bonhommes, en tout.
Je termine pour aujourd'hui en vous embrassant de grand cœur.

Votre fils dévoué

Auxence


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