Mers-el-Kébir : crime ou fait de guerre ?

 

L'attaque de Mers-el-Kébir a été menée du 3 au 6 juillet 1940 par la Royal Navy contre une escadre de la Marine Nationale dans le port militaire français de Mers-el-Kébir, en Algérie.

Seuls à faire face aux nazis, après l'armistice franco-allemand du 22 juin 1940, les Anglais craignaient que la flotte française, puissante et réputée, ne soit réquisitionnée par les Allemands.

Churchill, le 1er ministre anglais, avait aussi à coeur de montrer au président américain, F. Roosevelt, sa détermination à poursuivre la guerre, en s'attaquant au besoin à son ancienne alliée, la France.

L'attaque de Mers-el-Kébir a un immense impact dans tous les pays, Roosevelt et Hitler comprennent que les Anglais ne renonceront pas à la lutte.

Churchill est ovationné dans son pays. En France, la brutalité de l'attaque dresse le pays contre les Anglais, ce dont vont profiter les partisans de la collaboration.

Une semaine plus tard, le 10 juillet, l'Assemblée Nationale vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain...

"Pearl Harbor français : une grave erreur"

Quand De Gaulle parlait de Mers-el-Kébir, il évoquait un "coup de hache qui a fait couler du sang français" qualifiant, lors de son discours du 8 juillet 1940, l'attaque "d'odieuse tragédie".

Le Général admettant cependant que cet acte était compréhensible de la part des Britanniques, concluant qu'il résultait "d'un affolement du gouvernement britannique à l'échelon le plus élevé".

A son tour, Winston Churchill le confirme après coup... estimant que cette attaque fut "l'une des plus graves erreurs du Royaume-Uni pendant le conflit et le fruit d'un terrible malentendu entre les deux pays".

Une partie de la flotte française fut détruite par les Anglais à Mers-el-Kébir. 1295 français ont été tués. Les enfants des oubliés de l'Histoire demande réparation ... le devoir de mémoire est-il bafoué ? ... 

Pierre était, en juillet 1940, second-maître armurier sur le Dunkerque, un cuirassier ancré avec une partie de la flotte militaire française, en baie de Mers-el-Kébir (Algérie).

Juillet 1940, la Seconde Guerre fait rage. Alors que l'armistice du 22 juin 1940 prévoyait de laisser la flotte sous commandement français en lui imposant une stricte neutralité, Churchill lance l'opération "Catapult". Il s'agit d'empêcher le 3ème Reich de mettre la main sur les navires français.

Du 3 au 7 juillet, l'aviation britannique pilonne, torpille et envoie par le fond l'escadre française qui ne peut se défendre.

Le bilan est lord : 1295 morts chez les marins français. Le Bretagne sombre corps et âme le 3 juillet avec 997 marins à bord. Le Dunkerque perd 225 hommes d'équipage. Un Pearl Harbor à la sauce britannique ...

L'enfant de Pierre (second-maître armurier sur le Dunkerque) est devenu orphelin le 3 juillet 1940. Récemment, lui et d'autres orphelins ont écrit aux députés et ministres ... sans réponse ... 

Les 1295 marins de Mers-el-Kébir sont-ils des oubliés de l'Histoire ? Est-ce un massacre, un crime ou un fait de guerre ? ou simplement une tragédie ???

Côté anglais, les soldats étaient sommés d'accomplir, la rage au coeur, un acte commandé par l'Amiral Sommerville. Lui-même fut bouleversé d'avoir à ouvrir le feu mais il était dos au mur, à quelques jours de l'invasion allemande. Les Anglais devaient montrer leur détermination.

Côté français, le Général de Gaulle a dénoncé l'opération. "Mais, après la Seconde Guerre, afin de resserrer les liens entre France et Angleterre, on a passé l'épisode sous silence. Pour les survivants et leurs familles, c'était glisser la poussière sous le tapis"

Aujourd'hui, la France comme la Grande-Bretagne ont le sentiment que tout cela relève du passé, souligne un historien ... une goutte de sang dans le bain de celui de la Seconde Guerre Mondiale...

Question d'un autre fils de marin mort sur le Dunkerque : 

"les marins français massacrés à Mers-el-Kébir seront-ils toujours perçus comme les morts honteux de la guerre ? 

"Les dirigeants actuels de notre pays resteront ils aussi indifférents que leurs prédécesseurs à la réalité du sacrifice de nos pères ?

"Leur disparition, dans des circonstances aussi cruelles, pour les orphelins que nous sommes, demeure une souffrance intérieure inguérissable..."

Hélas, les réponses émanant du gouvernement et de la présidence de la République n'ont pas donné raison, jusqu'ici, aux orphelins des marins français.

(ouest-france du 13/04/2021-Pierre Wadoux)

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