Les Poilus
Ils avaient 17, 25 ou 30 ans.
Beaucoup portaient le cheveu court et la moustache. Beaucoup avaient les mains et la nuque parcheminées du laboureur, les doigts usés de l'ouvrier, les ongles cassés du tourneur ou du mécanicien.
Il y avait des palefreniers, des arpenteurs, des boulangers, des maîtres d'hôtel, des garçons de bureau, des clercs de notaire, des charcutiers, des instituteurs, des colporteurs, des rédacteurs, des vachers, des portefaix, des bergers, des prêtres, des rémouleurs, des cuisiniers, des taillandiers, des commis, des chauffeurs, des valets de pied, des étameurs, des livreurs, des chaudronniers, des crieurs de journaux, des garçons coiffeurs, des cheminots, des garçons de café, des facteurs, des intellectuels, des ouvriers, des bourgeois, des aristocrates et des bourreliers ...
Il y eut en plus des militaires de carrière, des conscrits, des réservistes, des artilleurs, des marins, des fantassins, des zouaves, des aviateurs, des brancardiers, des télégraphistes, des infirmiers, des cuistots, des aumôniers, des cantiniers, des cavaliers, des bleus, des rappelés, des permissionnaires ... Il y eut soudain des "poilus".
Autant de voyageurs sans bagages qui durent quitter leur famille, leur fiancée, leur femme, leurs enfants....Laisser là le bureau, l'établi, le pétrin, la boutique ou l'étable....
Revêtir l'uniforme mal coupé, le pantalon rouge, le képi cabossé. Endosser le barda trop lourd et chausser les godillots.
Un siècle plus tard, il ne reste d'eux que leurs lettres, leurs cartes et leurs carnets.
Leur écriture est ronde ou pointue : elle a la finesse de la plume ou le trait gras du crayon à encre.
Ils signent Gaston, Jean, Auguste, Marcel, Louis ...
Ils écrivent à leur femme ou leur mère : Félicie, Léontine, Hortense, Honorine,...
Leurs paroles expriment leurs amours, leurs espoirs, leurs détresses, leurs passions, leurs souffrances. La vibration, la petite musique de leur âme. Le beau chant de l'humaine condition.
(Source : merci Christine !)
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